Tatoueurs, tatoués
Après une tournée internationale, l’exposition-phare du musée du Quai-Branly est revenue en France avec une première étape au musée Jean-Claude-Boulard-Carré Plantagenêt, du 19 décembre 2020 au 6 juin 2021. Il reste possible de la découvrir grâce à une visite virtuelle.
Événement
Tatoueurs, tatoués évoque les origines du tatouage et présente le renouveau de ce phénomène désormais permanent et mondialisé.
Offrant un nouvel éclairage sur le tatouage, elle en explore l’histoire ainsi que son ancrage anthropologique fort, et souligne également le geste de l’artiste, les échanges entre tatoueurs du monde entier et l’émergence de styles syncrétiques.
Histoire
Dans les sociétés dites "primitives", issues des mondes orientaux, africains et océaniens, le tatouage a un rôle social, religieux et mystique. Il accompagne le sujet dans ses rites de passage en l'incluant dans la communauté.
À l'inverse, en occident, il fut marque d'infamie, de criminalité, attraction de cirque, puis marque identitaire de tribus urbaines.
Évolution
Durant la première moitié du XXe siècle, le tatouage a évolué au sein de cercles marginaux et il est demeuré geste clandestin jusqu'à ce que les médias le surexposent. Aujourd'hui, la publicité ou la mode s'empare de ses codes.
L'approche géographique et antinomique tend à disparaître : dans les sociétés traditionnelles, le tatouage perd son exclusivité rituelle ; dans les sociétés urbaines et au style de vie occidentalisé, son caractère marginal s'efface pour devenir un ornement corporel assez communément partagé.
Œuvres
Nous avons choisi de vous présenter deux œuvres emblématiques et leurs auteurs.
Leo Zulueta
Connu comme le père du tatouage tribal moderne, ou néo-tribal, Leo Zulueta grandit à Hawaï et étudie le tatouage traditionnel dans des livres et magazines.Cette pièce dorsale est inspirée des tatouages de l'île de Fais, en Micronésie, où les dessins symbolisaient généralement des éléments naturels tels que les rayures d'un poisson.
Alors que Zulueta a contribué à populariser le tatouage tribal, il considère néanmoins irrespectueux de copier littéralement des motifs traditionnels sans relation directe avec une culture. Il crée dans cet état d'esprit des modèles uniques pour chaque personne qu'il tatoue.
Xed Lehead
Débutant le tatouage dès l'âge de 13 ans en fabriquant ses propres outils, Xed Lehead rencontre en 1990 le tatoueur anglais Alex Binnie et se livre à des performances de fakirisme au sein du collectif The Wildcat Fakirshow. Il essaie alors sa première machine rotative, mais continue à pratiquer le tatouage à la main.
N'ayant suivi aucun apprentissage, son style dissident initie une technique complexe appelée dotwork ou travail du point, soit une technique pointilliste appliquée au tatouage occidental. Dans les années 2000, ce maître-tatoueur avant-gardiste verra son style faire école dans le monde entier.