La peinture de Philippe Cognée, d’une profonde singularité, connaît au tournant des années 1990 un changement radical, porté par l'utilisation de la photographie et par le recours à une technique, la peinture à la cire, qu'il exploite dans toutes ses capacités plastiques et dont il joue avec virtuosité.

Philippe Cognée ne raconte pas d’histoire. Chacune de ses créations trouve sa source dans une image anodine, choisie dans un vaste réservoir iconographique constitué de photographies réalisées sur le motif, prises par un caméscope ou trouvées sur internet. Toutes ces images trahissent son goût pour un réel banal et concret capté dans son environnement personnel, dans des espaces publics et sociaux ou au cours de ses voyages.

Séries

Des barres d'immeubles aux fleurs en passant par les bibliothèques et les autoportraits, les sujets sont traités sans aucune considération hiérarchique, le plus souvent par séries sur lesquelles il aime revenir pour continuer à interroger la matière picturale.

Chaque tableau de Philippe Cognée est unique, tant par les effets picturaux que par le choix du format, du cadrage et par la richesse chromatique de sa palette. Par cet art puissant et sensible, où le sujet s'efface devant le pouvoir de la peinture, il nous donne à voir une vision sublimée du réel, mystérieuse et étrange.

À travers une quarantaine de tableaux réalisés au cours des trente dernières années, cette exposition s'offre à voir non comme une rétrospective, mais comme un florilège d'œuvres choisies parmi trois thèmes récurrents dans le parcours e Philippe Cognée.

• La nature,
• l'architecture,
• la figure humaine.

Philippe Cognée utilise une technique singulière, la peinture à la cire. Cette technique ancestrale confère à ses œuvres une certaine étrangeté.

Le processus qu'il a mis en place, devenu sa signature stylistique, se déroule en plusieurs étapes.

1. Sur son support toile marouflé sur un plateau de bois, il esquisse au fusain le canevas graphique du sujet à traiter ou dessine directement sur la toile.
2. Dans un deuxième temps, il peint avec un mélange de cire d'abeille fondue et des pigments colorés.
3. L'artiste recouvre ensuite la surface peinte d'un film plastique sur lequel il passe un fer à repasser. Selon le degré de chaleur et la force avec laquelle il agit, la cire s'étale et les formes liquéfiées se troublent.
4. Il retire enfin le film plastique qui, en se décollant, crée des accidents de matière qui viennent perturber la surface lisse et glacée de la toile.

L'image finale, avec son sujet noyé dans la matière, ses contours dissous et ses couleurs entremêlées, révèle alors un réel transfiguré, un monde flou et instable que l’artiste amène parfois aux frontières de l’abstraction.